mercredi 22 février 2017

- Sophie Aubard -

Je suis ravie de pouvoir lancer une nouvelle catégorie du blog qui me tient déjà beaucoup à cœur : les interviews ! Pour cette occasion, j'ai longuement réfléchi et j'ai choisi de mettre en avant une auteure dont le premier roman vient de sortir : Sophie Aubard.




Souvenez-vous, il y a quelque temps, je vous parlais de son premier roman Pas de deux, dont vous pouvez retrouver la chronique par ici. Un livre court, mais avec une histoire bien ficelée du début à la fin. L'écriture de Sophie Aubard, sensible et efficace permet de faire de Pas de deux un roman teinté d'une douce tristesse, de sentiments, et qui nous entraîne dans un final plutôt surprenant et bien amené.

Sophie Aubard a bien gentiment voulu se prêter au jeu de mes quelques questions et je vous laisse découvrir cela sans plus tarder !


LDQL : Bonjour et bienvenue sur LaDoryquilit Sophie Aubard, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

S. A. : Bonjour, tout d’abord merci de l’interview ! J’ai grandi à la campagne, construit des cabanes dans les bois et fabriqué des lance-pierres. À 49 ans, je ne le fais malheureusement plus, je passerais pour une folle. Quand je n’écris pas, ne lis pas, ne fais pas le ménage ou les courses, j’exerce le métier de DRH. J’ai le goût des autres, l’envie de rendre la vie meilleure. C’est d’ailleurs au travail que j’ai rencontré mon mari, et il se porte comme un charme depuis ! Je cultive mon sens de l’humour, quel que soit le terrain, l’ironie ou l’auto dérision. Enfin, j’ai souvent la tête ailleurs qu’à sa place.

Votre premier roman "Pas de deux" est sorti il y a quelques semaines, comment le définiriez-vous ?

Il m’est difficile d’en donner une définition exacte, mais je pense qu’hymne à l’amour est le qualificatif que je lui attribuerais. Beaucoup de sentiments sont exprimés, et selon la sensibilité des lecteurs, il change de catégorie ; un thriller, roman sur l’amour fou, sur le deuil… Mais toujours un roman qui apaise. Sans doute parce qu’il y a plusieurs vies dans ce roman, celles de belles personnes que j’ai eu la chance de connaître, qui m’ont émue et dont je me suis inspirée.  

Votre roman débute avec un accident tragique mais aussi plutôt original, d'où vous est venue cette idée ?

À 25 ans, j’ai travaillé aux Antilles chez Air Caraïbes, une petite compagnie aérienne, qui à l’époque transportait des denrées alimentaires dans l’archipel, parfois des passagers. J’ai eu la chance d’effectuer de très nombreux vols dans de petits avions, et d’atterrir à Saint-Barthélemy souvent. Le début du roman a pour origine un fou rire inoubliable. Nous étions à l’approche de la piste de St Barth, l’avion était bringuebalé par les rafales, et mon ami pilote me racontait en riant l’histoire de toutes les carcasses d’avions qui balisaient la piste (il n’y en a plus maintenant). Alors, qu’il guidait l’avion en rase-motte au-dessus des voitures, je lui ai demandé : « Tu imagines le constat à l’assurance : j’ai pris un train d’atterrissage dans le pare-brise ? ». Et on est parti dans un délire, de ces fous rires qui vous laissent des crampes aux abdominaux pendant deux jours.  

 Pourquoi avoir choisi de débuter chaque chapitre par un fait divers se rapportant à des catastrophes aériennes ?

Je souhaitais relater l’histoire tragique de l’aviation, même s’il demeure le moyen de transport le plus sûr. Pour ne pas oublier, un hommage aux victimes.

Mais j’adore prendre l’avion !

"Pas de deux" met l'accent sur la gémellité et ce lien si particulier qui unit les jumeaux, pourquoi avoir fait ce choix ?

J’aurais aimé avoir une jumelle, les blagues que nous aurions pu faire, tous les secrets que nous n’aurions pas eus l’une pour l’autre, une complicité quasi-fusionnelle. 
J’ai retrouvé avec André Comte Sponville dans son livre audio « L’amour », une explication de ce manque qui m’a beaucoup touchée. Il évoque la complétude originelle, le fait qu’il y a fort longtemps, nous aurions « peut-être » été coupés en deux verticalement, et passons ainsi notre vie à chercher notre moitié qui nous manque. L’expression « Âme sœur » n’a d’ailleurs pas d’équivalent.

J’ai quatre belles-filles, dont des jumelles, et je reste fascinée par leur ressemblance physique bien sûr, mais également par cette façon bien à elles de s’exprimer, de se tenir, de se regarder. Elles se ressemblent en tout ce qui pourrait les distinguer. J’ai donc un peu braconné pour décrire Solyne et Manon, mais uniquement leur beauté et leur bonté ! 

Votre roman met aussi beaucoup en avant le deuil, la phase de deuil, mais aussi son après que chacun vit et affronte à sa façon. N'est ce pas trop difficile d'aborder ce sujet si délicat ?

Il n’y a rien de plus terrible que de perdre un enfant. Ce doit être comme une amputation, ce membre disparu que l’on ressent pourtant. Surtout, je pense qu’il ne faut juger personne, chacun vit sa douleur comme il le peut. La perte d’un être cher peut mener à la folie tant la souffrance est intenable. Un amour exacerbé, présent qui se nourrit du passé et s’auto alimente dans la douleur. Terrible non ? 

Le thème vient lui aussi d’une rencontre avec un homme qui avait perdu son fils dix ans plus tôt. La douleur ne s’était pas atténuée. Il m’en a parlé avec beaucoup de pudeur, en quelques mots simples, une souffrance contenue.

Parlons un peu plus de vous Sophie. Comment vous est venue l'idée d'écrire ? Est-ce quelque chose que vous vouliez faire depuis toujours ?

Si je n’aime pas les mathématiques, qui d’ailleurs me le rendent bien, j’ai toujours aimé écrire. Je m’y suis adonnée pour des raisons professionnelles, la communication d’entreprise, écrire des discours, des présentations. Quand j’ai lancé mon activité, un journaliste m’a dit « Écrivez un bouquin si vous voulez qu’on parle de votre entreprise ». Je me suis attelée à « La stratégie de négociation pour quitter son entreprise. » Le sujet n’était pas sexy, plus j’avançais, plus je déprimais. Alors, j’ai laissé tomber le sujet, et ai écrit un premier manuscrit « Divorçailles », l’histoire d’une femme qui rencontre au travail l’homme de sa vie à l’occasion d’un plan social qu’elle doit mener et vit très mal. Ce premier manuscrit « à peine autobiographique » a été une thérapie, et s’est rapidement transformé en addiction. Dans la foulée est né « Pas de deux », j’avais des idées, la gémellité, les gens de tous les jours, Dieu, le deuil, la beauté de la vie. Comme toujours la nuit m’a réveillée, les idées s’étaient ordonnées.

Avez-vous prit certaines habitudes lors de l'écriture de "Pas de deux" ? Écrire à un moment précis de la journée, écrire dans un environnement particulier ou suivre un schéma d'écriture bien déterminé par exemple.

Rien de tout cela. Je hais les « to do list », je ne range pas pour ne pas déranger. J’avais le début, la fin, les ingrédients. J’ai écrit sans m’arrêter, totalement plongée dans l’histoire. Je commençais très tôt le matin, et finissais très tard. J’ai été totalement absente, à tout et à tous. Mon mari et mes enfants ont accepté d’avoir une mère et une femme « ailleurs ». Quand je lis ou écris, je deviens sourde, je n’ai donc pas d’exigences, les discussions, les rires, la musique, rien ne me dérange. Je travaille sur un bureau minuscule dans le salon, sans horaire ni rituel. Ma seule préoccupation est le lecteur, j’écris comme je travaille avec respect pour ceux et celles à qui je m’adresse. 

Pensez-vous déjà à un prochain livre ?

Oui, même plusieurs. La trame de fond demeure l’amour et la folie, ce sont des jumelles elles aussi !

Etes-vous, vous-même une lectrice ? Si oui quel type de lectrice ? Plutôt assidue, occasionnelle ? Y a-t-il d'ailleurs un livre qui vous a marqué en particulier ?

Depuis que je sais lire, je ne fais que ça. Je ne suis jamais sans un livre, un journal. 
On m’a offert un diabolique cadeau, une liseuse. Je parviens à me contenir parfois en quittant une librairie les mains vides, ou alors je passe devant et me félicite de ne pas m’y être arrêtée. Mais quand j’arrive à la maison, je succombe au clic fatal. Finalement, la liseuse est un bon moyen de simuler le sevrage ! 
Tout m’intéresse, les polars, les thrillers, les biographies, les romans historiques, la poésie, depuis les Bd… La science-fiction a sur moi un effet déperlant, le seul rayon où je ne me perds pas. 
Sinon, j’apprécie autant Maupassant que Frédéric Dard ou Victor Hugo.

Mon livre préféré est « L’existentialisme est un humanisme » de Jean-Paul Sartre, une révélation. 

Pour finir, avez-vous un dernier mot pour vos lecteurs ?

Merci d’avoir osé lire une inconnue, du temps que nous avons partagé avec ce roman. Je suis surprise et heureuse. Quand je lis Dostoïevski, Camus, Maupassant, Petroski, Nadine Monfils, Lemaitre ou encore Fajardie, je me sens petite, minuscule. Être publiée est une grande joie, mais aussi une sacrée trouille. Le trac ne me quittera pas, je vous dois tant.

Un très très grand merci Sophie de vous être prêté au jeu ! J'espère que vos lecteurs prendront autant de plaisir que moi à en savoir plus sur votre roman "Pas de deux", mais également sur vous.

Je vous rappelle que le roman de Sophie Aubard, Pas de deux, est disponible aux Éditions Mosésu et je vous invite une fois de plus à le découvrir rapidement !


3 commentaires:

  1. Bravo, pour cette nouvelle catégorie du blog, j'ai beaucoup apprécié votre échange.

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  2. Excellente idée ce Blog. J ai lu ce livre et apprécié cette échange avec son zuteur

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  3. bonjour vous vous ete inspiré de quel idée et que_s_qui vous a traversais dans l'esprit quand vous avez écrit se roman merci

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