mercredi 8 mars 2017

- Jo Ann von Haff -

J'ai déjà l'occasion de vous présenter une nouvelle interview d'auteur ! Il s'agit aujourd'hui d'une auteure dont je vous ai parlé récemment à l'occasion de son dernier roman, une romance tendre et douce qui m'a marqué il y a quelques semaines. Je veux bien entendu parler de Jo Ann von Haff !


J'ai découvert Jo Ann von Haff il y a quelques mois avec son roman La réelle hauteur des hommes, un roman qui avait été un véritable coup de cœur d'ailleurs grâce à l'écriture de l'auteure et à cette magnifique romance qui m'avait touché (la chronique par ici !). Dernièrement, c'est son roman Les yeux de Léon que j'ai lu, je vous en ai parlé par ici, une nouvelle romance que j'ai de nouveau dévoré et tout autant apprécié.

Autant vous dire de suite que je suis ravie que Jo Ann ait bien voulu répondre à quelques-unes de mes questions afin d'en savoir plus sur ses romans, mais aussi sur l'auteure qu'elle est ! Je vous laisse découvrir tout ceci...

Bonjour et bienvenue sur Ladoryquit lit Jo Ann von Haff, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Bonjour !
Je suis Jo Ann von Haff et je suis née en Angola. Ma langue maternelle est le portugais, j’ai vécu deux tiers de ma vie à l’étranger et j’ai fait toute ma scolarité dans des établissements français. Je suis multiculturelle, nomade et nocturne, mon cerveau s’appelle Sigmund, mes totems sont une coccinelle et une chouette effraie, et l’équilibre des points karma est très important pour moi. (Je ne suis pas folle, vous savez ?)

Sérieusement : j’ai fait des études de psychologie clinique et une formation de correctrice il y a plusieurs années. Aujourd’hui, quand je ne suis pas en train d’écrire, je suis en train de décortiquer des manuscrits pour des maisons d’édition et des auteurs indépendants, de donner des cours ou alors en train de traiter quelque question administrative.
(Tout ce que j’ai dit dans le premier paragraphe continue véridique.)

Votre dernier roman "Les yeux de Léon" est paru il y a quelques semaines aux Éditions BMR, si vous deviez le présenter en 3 mots seulement, lesquels ? Et pourquoi ?

Trois mots seulement ? C’est une torture ! Est-ce que je peux le présenter en une phrase, plutôt ?
« Nous sommes tous plus grands que nos complexes. »

Dans "Les yeux de Léon" Anaëlle, le personnage principal féminin, est dans une situation délicate notamment avec la perte de son emploi, elle est très proche finalement de notre génération actuelle. Était-ce délibéré de faire d'elle quelqu'un a qui on s'identifie très facilement ?

J’aime raconter des histoires qui pourraient nous arriver à tous, qui pourraient m’arriver à moi. J’ai sans doute croisé Léon quand je vivais à Montpellier, j’ai sans doute croisé Anaëlle à chaque fois que je suis passée devant une caissière (ou un caissier). Et il y a des jours où je suis Léon, très positive, tout va bien. Puis il y a des jours où je suis Anaëlle, j’ai envie de me recroqueviller dans un coin pour ne plus me relever.

Je peux créer des héros qui sont des célébrités ou qui appartiennent à des familles richissimes ou qui vivent dans un monde qui ne nous est pas accessible, mais on n’a pas forcément besoin d’être riche ou une célébrité pour mériter une belle histoire. Et comme on n’est jamais mieux servis que par soi-même, j’ai une romance avec une correctrice dans mes projets… ;-)

Que ce soit dans "Les yeux de Léon" ou le précédent "La réelle hauteur des hommes", vous mettez en avant deux formes de handicap à travers deux de vos "héros". Pourquoi avoir fait ce choix ? Est-ce important pour vous ?

Plus que le handicap, ou tout autre sujet, ce sont les réactions et les conséquences qui sont importantes pour moi. Ce n’est pas la cécité de Léon qui fait l’histoire, c’est sa personnalité positive, limite YOLO. Ce n’est pas le handicap de Littlejohn qui fait l’histoire, c’est son incapacité à l’accepter. Dans mon roman fantasy La Treizième Concubine, premier tome de la trilogie Tarandes et Sakranim, mon héroïne devient muette, pourtant sa voix porte très loin et plutôt fort, elle se fait entendre (peut-être pas par ceux qui le devraient réellement, mais c’est une autre affaire).

Je réserve le même traitement à tous mes personnages, handicapés ou non, avec des cicatrices ou non : est-ce qu’ils se relèvent ? Ou est-ce qu’ils s’effondrent ? La résilience, ou son absence, l’emporte sur tout le reste.


Vos romans, en plus d'offrir à chaque fois de très belles romances, véhiculent toujours des messages forts, et même plein d'espoir. Est-ce une des premières choses à laquelle vous pensez en vous lançant dans l'écriture d'un nouveau livre ? 

Jamais. Je n’écris pas de fables, avec une morale à la fin. Je raconte une histoire et il se peut qu’on en ressorte avec quelque chose en plus, qu’on ait appris quelque chose, qu’on ait ressenti quelque chose. Mon but est de raconter une situation, qu’elle soit sombre ou lumineuse, triste ou joyeuse. Et à la fin, la lectrice, le lecteur, choisira ce qu’elle, il, veut garder de cette histoire. C’est pour cette raison que je n’écris pas que des romances, que j’écris également de la littérature générale et de la fantasy : parce que parfois, les fins ne sont pas toujours celles qu’on espérerait. Le bien ne gagne pas toujours, le mal ne perd pas toujours. Et c’est la vie.

Quel message général voulez-vous, espérez-vous, que vos lecteurs aient après la lecture des "Yeux de Léon" ?

Comme dit précédemment, je ne veux pas faire passer des messages. Ce que je voulais, à l’écriture de ce roman, c’est qu’Anaëlle évolue, car elle se cache sous ses insécurités, et que Léon évolue également parce que faire exactement ce dont il a envie a parfois des conséquences sur son entourage. On est tous bien plus grands que nos complexes. Et un peu de tact ne fait de mal à personne. :)


Peut-on espérer retrouver un jour Anaëlle et Léon ?

On les reverra en filigrane dans d’autres romans montpelliérains parce que j’aime les clins d’œil, mais ne jamais dire « fontaine, je ne boirai pas de ton eau »… ;-)

D’ailleurs, il y avait un clin d’œil à Littlejohn chez Léon. Avez-vous su le repérer ? :)

Imaginez, demain "Les yeux de Léon" est adapté au cinéma ou à la télévision, vous choisissez les acteurs qui semblent idéals pour vous pour interpréter Anaëlle et Léon, quels sont-ils ?

J’ai trouvé les modèles idéaux, mais ils ne sont pas acteurs, ça marche aussi ?
Pour Léon, je visualise Mohamad Hindi Neto qui a participé au Masterchef Brésil il y a quelques années, parce que Léon a les cheveux rebelles, il se rase la barbe une fois sur deux (voire trois), qu’il n’est pas spécialement beau, mais quand il sourit, le soleil brille plus fort. (Ahem, Anaëlle, sors de mon corps.)

Quant à Anaëlle, je pense Natalie Weaves, jeune chanteuse américaine. Elle a un certain air désabusé alors qu’elle est toute jeune. Et Anaëlle est une désabusée de l’extrême.


Parlons un peu plus de vous Jo Ann. Y a-t-il un(e) auteur(e) de romance qui vous a donné envie d'en écrire à votre tour ?

Quand j’étais plus jeune, je lisais énormément d’Harlequinades échangées avec la secrétaire au collège ou achetées au terminal fluvial quand je vivais d’un côté du Tage et allais au lycée à Lisbonne ou quand je devais traverser la gare de Montpellier pour aller à la fac. Ce sont littéralement de centaines de romans lus, mais je suis incapable de dire qui a écrit quoi. Les histoires étaient bien plus codées qu’aujourd’hui, mais je dévorais tout ça. Alors mon premier roman, à 16 ans, était forcément une romance. Le deuxième, à 17, aussi. Le troisième, à 18, également. Mais ce troisième est devenu Aujourd’hui ne se termine jamais et il est bien plus qu’une romance (à mon avis !). Pendant des années, je m’en suis écartée pour écrire de la littérature générale et découvrir la fantasy, mais régulièrement, j’y reviens, c’est même devenu la majorité de ma production. J’ai écrit pas mal de tragédies, il faut que j’écrive de belles histoires pour compenser. (Le karma, tout ça…)

C’est donc le genre qui m’a donné envie d’écrire de la romance, non pas une auteure particulière.

Suivez-vous un plan, un schéma particulier lorsque vous écrivez ? Êtes-vous du genre à mettre à plat toutes les grandes trames de votre histoire et à broder autour ? Ou plutôt à écrire au feeling ?

Ma méthode s’appelle « à la wanagain freestyle » : j’ai une idée de départ, je sais très bien où je veux aller, et je mets mes héros en pilote automatique. Si mes personnages sont bien travaillés, s’ils sont bien définis, ils m’indiqueront quels chemins prendre ou si les scènes que j’avais prévues sont cohérentes ou non. On peut planifier les plus belles scènes au monde, mais parfois ces individus faits de mots font « ça ne va pas être possible » et on ne peut que se plier. Après le premier jet, je laisse reposer, puis quelques mois plus tard, voire années (Aujourd’hui ne se termine jamais a eu besoin de 15 ans pour atteindre la version publiée !), ensuite je me relis et je me mets à la correction. J’étoffe certains passages, j’ajoute des scènes, je n’ai pas peur de couper des passages entiers ou de tuer des personnages, je suis sans état d’âme à ce stade. Enfin, une dernière relecture et c’est bon pour les archives.

Pour Les Yeux de Léon, je voulais écrire sur l’opposition entre un aveugle qui voit la vie en rose et une voyante qui ne voit rien du tout. Ils ont fait le reste pendant le NaNoWriMo de 2013.

Quel genre de lectrice êtes-vous ? Y a-t-il un auteur qui vous a marqué en particulier ?

Je suis une lectrice éclectique et quasi-exclusivement numérique à cause de ma position géographique, surtout. La joie de pouvoir s’offrir des livres en français et les recevoir en un clic sans avoir à attendre la poste (qui ne fonctionne pas par chez moi !). De la même façon que j’écris de la littérature générale, de la romance et de la fantasy, je lis ces trois genres. Je choisis mes lectures grâce au bouche-à-oreille et je pioche chez mes amies, ce qui est une ruine, clairement. Plus le temps passe, plus les bibliographies s’allongent.

Dernièrement, j’ai relu Un cadeau du ciel de ma siamoise cosmique Suzanne Roy où son héroïne Élina, un ange de la mort pas très empathique, tombe du ciel pour apprendre ce que veut réellement dire être humain. C’est mon héroïne préférée, tous genres confondus. Suzanne a le don de me faire pleurer, ce qu’est une bonne chose, parce que j’aime pleurer quand je lis ou je vois un film, ça me marque longtemps ! Il y a aussi Chloé Duval, reine des romances extrêmement doudous qui font sourire tout le long (ça équilibre les larmes de Suzanne !) et qui nous font rêvasser encore un moment après la fin de notre lecture. Roxane Dambre, qui manie l’humour comme personne avec ses séries urban fantasy. Je suis tombée amoureuse de sa plume dès le premier manuscrit et à chaque nouvelle publication, je sais que je vais rire à en pleurer.

Un peu plus loin (beaucoup, même) de mon cercle d’amies, j’aime José Saramago dont le style est inimitable et reconnaissable. D’ailleurs, les livres qu’Anaëlle lit dans Les Yeux de Léon sont les siens. Le Dieu manchot me paraissait un bon clin d’œil à son épaule blessée, et L’Aveuglement… Eh bien ! :-D Sharon Maas et Tamara McKinley écrivent des sagas où la grande Histoire croise la petite histoire, et me font retenir ma respiration très souvent, voire même pleurer. C’est de la littérature générale comme j’aimerais en écrire si seulement j’avais la patience de faire des recherches historiques. ;-) Enfin, en romance, Lisa Kleypas est numéro 1 dans ma liste. Je suis une fille simple, je vois Kleypas, j’achète, sans même lire le résumé.

Un dernier mot pour vos lecteurs pour finir Jo Ann ?

Merci de nous accepter, mes personnages cabossés et moi, merci de nous suivre et de nous soutenir. Ceci est ma passion, mon rêve, mes rêves d’ailleurs, parce que mes histoires me travaillent même quand je dors. Et j’espère qu’ils sauront vous accompagner, même après votre lecture. <3

Un immense merci Jo Ann pour toutes ces réponses ! J'ai pris énormément de plaisir à les lire, à en savoir plus sur votre univers et vous-même, d'ailleurs tous les autres titres vont devoir rejoindre rapidement ma PAL. J'espère que vos lecteurs prendront tout autant de plaisir à lire cela :)

Une dernière piqûre de rappel, La réelle hauteur des hommes et Les yeux de Léon sont disponible aux Editions BMR !

1 commentaire: